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Devenir

On peut considérer que chaque instant de notre vie est un passage qui s'accomplit. Nous effectuons de manière instantanée notre puissance d'agir et cela nous transforme, de manière infinitésimale. L'accumulation de ces transformations infimes finit par produire une transformation de notre être,  c'est à dire de notre corps et de notre esprit. Ainsi, graduellement, nous sélectionnons une ligne de vie, en ce sens où nous devenons tel ou telle, alors que nous aurions pu devenir tel ou telle autre. Ces infimes transitions sont notre façon de nous inscrire dans la durée. Elles sont aussi le lieu de notre liberté.  Si rien ne changeait, si il n'existait pas cette plasticité de l'instant, alors nous ne serions pas vivant. La question que Spinoza veut que nous nous posions est relative à ce que nous faisons de ces instants: sommes nous aux commandes de nous-mêmes,  ou subissons-nous le monde qui nous influence et nous détermine? Agissons-nous ou bien pâtissons -nous?

Durée

L'état instantané du monde est une chose qui me paraît impossible à concevoir. On ne peut pas, même par la pensée, même en imagination, figer le monde, même dans une imperceptible fraction de temps, en un état. De ce fait, le concept lui même d'état instantané me semble absurde, ou plutôt de l'ordre de la création imaginaire, tout comme un cheval ailé.
De là découle que tout raisonnement qui présuppose des "états instantanés" est faux, car ses prémisses sont faux.
Je crois pour ma part, mais c'est là un autre concept qu'il faudra explorer, tester, que tout "moment" a une épaisseur dans le temps, qui inclue du futur et du passé.
Le présent est "épais".
Pour revenir au désir, à ce désir qui est comme un peu en avance sur nous dans le temps, et qui nous projette dans ce que nous allons faire, je crois qu'il existe aussi un désir inverse, qui traîne un peu derrière, et qui agit comme une force de rappel, qui constitue une inertie qui nous retient.