Il y a une ambiguïté dans le terme action. Elle n'est pas chez Spinoza, mais plutôt chez nous, c'est à dire dans le sens que nous attribuons au mot. Pour Spinoza, il faut différencier action et passion. Dans l'action il se produit quelque chose dont je suis cause adéquate. Dans la passion, il se produit quelque chose dont je ne suis pas entièrement cause adéquate, ou dont je suis cause partielle.
Or dans le sens habituel du mot, nous "agissons" toujours. Une action est le résultat de la mise en mouvement de mon corps pour faire quelque chose.
Il faudrait donc parler de geste: un geste, c'est à dire la mise en mouvement de mon corps, serait une action ou une passion, selon que je suis la cause adéquate de ce geste, ou que je n'en suis que la cause partielle.
On comprend mieux avec cette distinction la difficulté qu'il y a de parler d'action en commun.
Si plusieurs personnes veulent agir "ensemble", c'est à dire d'une certaine manière se coordonner pour faire quelque chose, il faut alors concevoir que cette action puisse être action véritable ou passion. Il nous manque de fait ce terme de geste, pour définir la mise en mouvement des différents corps.
A plusieurs, pour agir, il faut arriver à être ensemble cause adéquate du geste. Sinon, on pâtit.
Il y a là une difficulté nouvelle: plusieurs modes peuvent ils s'associer pour être ensemble cause adéquate de quelque chose
On peut imaginer que c'est cela le commun.