La distinction qu'opère Spinoza entre l'Esprit et le Corps mérite d'être considérée lorsque l'on s'intéresse à l'action publique.

Agir suppose la mis en mouvement de nombreux corps. Les "acteurs", que les sociologues ou les penseurs politique considère comme éléments d'un système (celui de l'action) sont en fait des corps, à même de faire ou non des actions élémentaires avec leurs mains, pieds etc. Rien n'existe, dans le monde réel de l'action, si à l'origine il n'y a pas un mouvement. Même dans le cas de machines complexes, il faut pour le moins la frappe sur un clavier pour déclencher une action. L'esprit seul, les idées, les mots, les concepts...tout cela ne "produit" rien sauf à être relayé par les corps. Une réglementation, un budget dédié à une action...tout cela est stérile, impuissant si une multitude de corps ne se mettent pas en action. Après un ouragan, on peut voter des crédits de reconstruction, mais il faudra trouver des pelles, des pioches, des bras pour reconstruire. Voilà par exemple pourquoi Tchernobyl, Fukushima sont encore des problèmes et pour longtemps: c'est le monde physique corporel qui s'avère incroyablement difficile à "manipuler".

La puissance d'agir est alors la capacité à mettre en mouvement ces corps pour qu'ils produisent des effets adéquats.