A chaque instant, nous interagissons avec le monde: notre corps est affecté par d'autres corps, et les idées de ces affections provoquent en nous Joie ou Tristesse. Notons qu'une tristesse ou une joie possède la faculté d'imprégner notre esprit. Il y a là un phénomène de mémoire, dont la résultante est l'augmentation ou la diminution de notre puissance d'agir. Une partie de la sagesse spinozienne réside, me semble-t-il, dans une sorte de compétence que l'on peut acquérir, progressivement, à sélectionner les idées qui se présentent à nous, et à "laisser passer" celles qui sont porteuses de tristesse. C'est une chose de comprendre que la Jalousie est une tristesse, c'est encore autre chose que de pouvoir identifier le sentiment de Jalousie lorsqu'il s'exprime, lorsqu'il naît à l'occasion d'une situation; mais c'est une chose bien plus importante que d'arriver, alors, à se rendre transparent à se sentiment, à ne pas le retenir au sein de notre esprit, à le laisser s'évaporer, un peu comme si notre cerveau ne lui prêtait aucune matière pour qu'il l'imprègne.