Revenons sur cette idée du cercle.
Je suis devant ma feuille et je m'apprête à dessiner un cercle.
En réalité, il existe une infinité de cercles possibles. Sans parler de ces quasi cercles, c'est à dire de formes qui s'approchent suffisamment du cercle pour ressembler à un cercle, mais qui ne sont que des approximations, parce que le tracé est irrégulier, erroné du point du vue de l'essence du cercle, mais assez approchant pour que cela fasse affaire de cercle.
Il doit donc y avoir quelque part un principe de sélection qui fait que je vais tracer un cercle à l'encre rouge plutôt qu'au crayon de papier, que je vais faire un beau cercle au compas plutôt qu'un pseudo cercle à main levée. Il ne s'agit pas ici de nécessité, mais bien de choix préalable. Il s'agit de l'idée de cercle telle qu'elle se forme dans mon esprit.
Il s'agit donc d'une pensée. D'un mode de l'Esprit.
Alors oui. Peut être que la volonté, c'est cela: notre capacité à sélectionner certains modes de l'esprit, certaines idées. Notre liberté s'exprime ainsi: nous pouvons penser délibérément telle ou telle forme, telle ou telle action. Nous pouvons nous concentrer dessus, la visualiser.
Mais quand il s'agira de l'exécuter, de la réaliser, de l'exprimer, là notre volonté sera superflue, voire contre-productive: il suffit de l'entendement, du calcul raisonnable, et ce qu'il y a à faire s'imposera à nous. C'est finalement une sorte de lâcher prise qu'il faut opérer: laisser notre corps accomplir ce qu'a calculé notre esprit.
Mais pour cela, il faut de l'entraînement. Le corps n'est pas habitué à e qu'on lui fasse confiance. Et la volonté "parasite" s'infiltre constamment entre les interstices du mouvement pour le perturber, le faire dérailler.
Si nous ne traçons pas un cercle bien rond, c'est d'abord parce que nous "voulons" trop.
Si nous nous laissions porter par l'idée de cercle, par la sensation du cercle...alors notre cercle serait parfait.