L'imagination est une notion important dans la pensée de Spinoza. Mais il semble la considérer essentiellement sous l'angle de la pensée inadéquate. En ce sens, l'imagination est un corollaire des passions. Elle s'oppose à la raison. Dans l'enchaînement des affections du corps, des idées de ces affections, se forme en nous des idées inadéquates, qui sont des "imaginations". Par l'imagination, nous accédons à une idée qui s'écarte de la vérité. Cet écart, selon Spinoza, traduit le fait que nous sommes sous le régime de la connaissance du premier genre. Nous ne sommes pas à même de nous faire une idée adéquate des situations que nous vivons.
Il semble donc qu'une des objectifs de Spinoza soit de nous amener à faire la part des choses entre ce qui est en nous de l'ordre de l'imagination, et ce qui est de l'ordre de la raison.
Et avancer dans l'éthique, c'est progressivement apprendre à faire cette part des choses, tant intellectuellement que corporellement.
Il s'agit de progresser vers un régime de l'action, où l'on n'est plus conduit aléatoirement par les affects passifs, mais on l'on se dirige par la raison active.
On a alors l'impression qu'action et imagination sont inconciliable. Que l'action relève de l'enchaînement des pensées et des actes adéquats, sous l'emprise d'une sorte de déterminisme de la raison: la compréhension de la situation, la compréhension de ma place, de ma capacité à agir dans la situation, la sensation de mes rapports à la situation, la compréhension de cette sensation etc, tout cela me conduit à une action raisonnable qui d'une manière s'impose à moi comme la plus adéquate.
C'est ici qu'il nous faut donc reparler de poésie.